ségolene,françois et les autres

Publié le par manu51

 
Ségolène, François et les autres
 
Le contentement de la victoire est un état plaisant auquel il faut veiller à donner "un désir d'avenir" dit-elle. A ce propos je souhaitais apporter ma part d'analyse à ce qui se passe en ce moment dans notre pays et qui, du point de vue de la sociologie politique, est passionnant.
 
Le secrétaire du PS, François Hollande, a fait preuve d'une grande intelligence stratégique ces dernières années et paradoxalement pour cette campagne interne à la présidentielle entre les trois candidats, sa réussite se dissimule et se révèle derrière la victoire de sa compagne.
 
Ségolène Royal doit sa victoire au fait qu'elle s'excuse presque de désigner la place qu'elle veut occuper, celle de président de la République, et c'est comme cela qu'elle nous invite à vouloir l'occuper avec elle. Ce mouvement qu'elle suscite, de la même manière chez un cadre supérieur que chez un citoyen plus modeste, résulte de cette volonté de partager le pouvoir, y compris la place la plus haute. Lorsqu'elle sourit sous les applaudissements, un peu gênée, elle sourit aux anges. Elle ne sature pas la scène par une satisfaction narcissique, son charme pourrait l'entraîner sur cette pente, mais au contraire elle intercède, elle dit dans le silence de ce sourire que ce qu'elle vise, cette fonction, est plus grand qu'elle et qu'elle ne peut y accéder qu'avec chacun d'entre nous.
 
Là est le miracle ségolénien dans un pays où toutes les réformes se sont faites dans le dos des citoyens.
 
Sa force, c'est ce mécanisme d'entraînement qui fait que les choses sont pensables à condition que chacun d'entre nous, les citoyens, soit au rendez-vous. Sa force c'est d'indiquer les limites, à commencer par les siennes. C'est pour cela que la condescendance avec laquelle ses deux concurrents l'ont mise à l'épreuve, je dirais presque mise en examen, s'est retournée contre eux. Ils n'ont pas vu que nous, citoyens, nous percevions cette condescendance comme nous étant adressée dans le pacte identitaire qu'elle avait passé avec nous.
 
Vous l'avez compris, dans tout cela il y a une qualité des personnes, un sens de l'intérêt général, une attention au bruissement du monde, qui détonne dans cet habituel théâtre politique qui jouit de sa noirceur.
François l'a laissé prendre sa place tout en gardant une distance juste et Ségolène l'a prise dans une illumination qui lui appartient pour la partager avec nous. Il faut maintenant continuer à inventer les modalités de ce partage pour prolonger cette aventure inespérée.
 
Thierry Dumanoir, Reims le 18/11/2006

Publié dans segolene2007.marne

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