Un samedi à ConvictionsLand (suite et fin)

Publié le par jacline

Entendu* à l’université du club Convictions (15/12/2007) 

Dominique Méda :

Avec les pays de l’Europe de l’Est, la France est le pays où l’on a le plus peur du chômage, peur de ne pas retrouver un emploi. En  France, il n’y a pas  de politique de sécurisation, comme par exemple dans l’Europe du Nord.

Dans une économie de la connaissance globalisée, que faire ?

Comment « ré-enchanter » le travail ?

Que peut la Gauche ?

Dans le contexte actuel d’une économie de la connaissance globalisée, le savoir est devenu l’essentiel. Tout doit donc être mis en œuvre pour réduire le nombre des non qualifiés parce que les emplois non qualifiés disparaissent et continueront à disparaître. Tous les citoyens devraient sortir des cursus scolaires au niveau « fin d’études secondaires ».

Il faut donc massivement investir dans la recherche, l’éducation, la qualification et la sécurisation des parcours ; investir dans l’humain, dans la formation (avec des allers et retours en formation). Il faut massivement investir dans le mode de garde des enfants. L’enfant doit acquérir très vite « l’estime de soi » pour accéder à la qualification.

Il faut créer un nouvel état providence :

  • Des institutions coordonnées et bienveillantes doivent accompagner les personnes pour qu’elles aient un accès permanent à la formation comme en Europe du nord.
  • Il faut revoir complètement le système de sécurité sociale et recréer un système généreux d’indemnisation des périodes de chômage.
  • Pourquoi ne pas faire de grands emprunts pour investir dans la formation dans une Europe puissante. Il faut réformer le capital pour rétablir le travail comme œuvre.
  • L’importance du « care », du soin, des interactions, donc de la famille est à considérer.

Cela doit être au centre des nouveaux rapports sociaux.

  

Yann Moulier-Boutang :

Le passage du capitalisme industriel au capitalisme cognitif représente un saut qualitatif énorme.  La valeur  réside aujourd’hui dans la capacité à mobiliser les intelligences, la capacité de créer, d’innover, de produire des solutions nouvelles dans des contextes nouveaux, tout ce que ne fait pas un ordinateur.  Les notions de temps de travail et de salariat en sont donc bouleversées.

L’image qu’utilise Yann Moulier-Boutang c’est celle de la société  des abeilles. Le produit de la ruche, c’est le miel ; mais la valeur réside dans la capacité à capter le pollen dispersé hors de la ruche. La société qui se dessine aujourd’hui dans ce monde globalisé, pour YMB c’est la « société pollen ».

Ainsi il y a des gens qui travaillent tout le temps car l’intelligence ne fonctionne pas à heures fixes dans un espace défini ; l’idée innovante peut surgir à des moments inattendus. Par ailleurs, de nombreux salariés ont plusieurs employeurs. Dans la réalité les choses ont déjà beaucoup changé.

La valorisation de l’innovation et des initiatives ne doit pas concerner seulement la « créative sphère » mais aussi les activités de service, relatives au « care » (soin aux personnes ou souci des autres) dans les domaines de la santé et de la formation notamment.

On innove quand on est capable de mobiliser les intelligences et les interactions. Or l’innovation ne se décrète pas. Il faut en créer les conditions,  inventer les appareils de la captation de la créativité, c’est pourquoi Yann Moulier-Boutang propose et défend  le revenu d’existence élevé (et non situé au seuil de pauvreté), inconditionnel, cumulable avec une activité. Seul moyen capable selon lui d’adapter la société aux nouvelles exigences du capitalisme cognitif.

Pour en savoir plus

* notes de FK et JD

 

Publié dans segolene2007.marne

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