Derniers jours de Ségolène Royal à Buenos Aires

Publié le par jacline

Avant de lire la lettre de Ségolène, la devinette du jour....
Qui a dit :
«  Ségolène Royal a un comportement plus intelligent que la plupart des leaders socialistes. » ? (réponse en bas de page*)

Samedi 27 octobre 2007

 Rencontre au siège de la Centrale des Travailleurs argentins (CTA)

Aujourd'hui, je rencontre la direction nationale de la CTA, syndicat indépendant, pluraliste et combatif qui se bat pour sa reconnaissance légale. En Argentine, en effet, le syndicalisme a historiquement pris la forme d'une organisation unique, pilier du régime péroniste. Après la fin de la dictature et durant les années ultra-libérales du gouvernement Menem, un mouvement syndical indépendant s?est peu à eu affirmé et a donné naissance, en 1992, à la CTA. Ce syndicat se bat aujourd?hui pour être habilité, lui aussi, à conclure des accords avec le patronat et l?Etat. Leur priorité : la juste redistribution des fruits de la vigoureuse croissance argentine. Ses responsables m?expliquent sur quelles bases ils ont constitué leur organisation qui entretient des relations fraternelles avec les syndicats français et participe activement à la Confédération Internationale des Syndicats : autonomie par rapport aux partis et à l?Etat, démocratie syndicale, recherche d?un syndicalisme adapté aux formes actuelles du capitalisme globalisé.

Je leur fais part de ma conviction que la qualité du dialogue social et des relations dans l?entreprise est un facteur de compétitivité et de mobilisation efficace de la richesse humaine. Au fil de nos échanges, je suis frappée de voir combien, malgré la différence des contextes, les problèmes se ressemblent : quelles sécurités face à la précarité grandissante ? Quel modèle de croissance profitant au plus grand nombre ? Quel rapport de force avec quel syndicalisme représentatif et de masse pour rééquilibrer les relations entre le capital et le travail ?

Ils me parlent aussi des spécificités de la société argentine et notamment de l?importance de l?économie informelle qui les a conduits à ce parti-pris novateur : pour syndiquer celles et ceux qui n?ont que le travail au noir pour subvenir à leurs besoins (40% de la main d??uvre) ainsi que les salariés précaires, la CTA développe, à côté des sections d?entreprise, l?affiliation individuelle des salariés sans statut, des chômeurs et des handicapés, comme me l?explique un de leurs responsables lui-même handicapé.

L?un des dirigeants de la CTA parle français et se présente comme « un métallo CFDT » : exilé chez nous pendant les années de dictature, il a travaillé et milité chez Alstom. Alexandra, responsable du secteur femmes, me dit combien elles ont été actives dans la construction de la CTA car les salariées sont les plus assignées au travail précaire et aux salaires les plus bas : « derrière chaque enfant pauvre, il y a une femme pauvre » me dit-elle. C?est sous leur impulsion que la CTA a intégré dans ses revendications la nécessité d?équipements d?accueil de la petite enfance (crèches, maternelles) accessibles aux plus pauvres.

Ils me parlent aussi de leur combat contre ce qu?ils appellent « la criminalisation de laprotestation sociale » (3000 militants syndicaux actuellement concernés) et pour l?universalisation de la protection sociale, avec un salaire minimum garanti à tous alors qu?aujourd?hui 5,8 millions de salariés sur 12 millions n?y ont pas accès. Ils évoquent aussi le lourd tribut payé (67% des victimes) par les militants ouvriers et leur fierté d?être aujourd?hui parties civiles dans les procès intentés aux tortionnaires.

Cette rencontre a donné lieu à de nombreuses reprises dans la presse écrite et audiovisuelle et notamment à une pleine page dans « Clarin », l?un des principaux journaux argentins. Le Ministre du Travail, que je rencontrerai le soir de l?élection de Cristina, m?en parlera longuement.

Dimanche 28 octobre avec les Mères de la Place de Mai

Ce matin, j?ai rendez-vous avec Josefina « Pepa » de Noia, l?une des fondatrices des mères de la place de mai, l?une des 14 femmes qui, en pleine dictature, eurent les premières le courage d?exiger la vérité sur les « disparus ». Alors que la terreur s?abattait sur le peuple argentin, on les vit braver la répression avec leur fichu blanc sur lequel était brodé le nom de leurs enfants emprisonnés dont elles étaient sans nouvelles. Lors de ma campagne, l?une d?elles était venue à Grenoble m?apporter le soutien de ces femmes courageuses, hier résistantes et aujourd?hui toujours militantes pour que justice soit faite. Les mères sont aussi des grands-mères qui recherchent inlassablement les enfants arrachés à la naissance à leur mère emprisonnée et assassinée.

J?ai beaucoup d?admiration pour ces femmes debout qui ont défié un régime fondé sur la peur et s?investissent aujourd?hui dans la consolidation de la démocratie. En ce jour d?élection présidentielle, j?accompagne Pepa au bureau de vote et nous poursuivons en chemin notre conversation sur le combat de ces femmes auxquelles le président Kirchner a rendu l?hommage qu?elles méritent. Le gouvernement argentin a d?ailleurs prouvé sa détermination à ne pas laisser impunis les crimes de cette sinistre période et défère les tortionnaires à la justice.

Chez Anibal Ibarra

J?ai rendez-vous chez Anibal Ibarra, l?ancien maire de Buenos Aires nouvellement élu député, pour un « asado », un barbecue traditionnel argentin. Il a réuni pour la circonstance quelques élus de gauche (Susanna Rinaldi, Gabriele Alegre, Raul Puy) et artistes amis. Il m?accueille chaleureusement et déclare à la presse que, pour lui, ma visite témoigne du renforcement des liens entre les femmes politiques qui, en Argentine, au Chili et en France, « doivent batailler ferme pour tracer leur route dans des sociétés machistes ». Susanna Rinaldi déclare aux journalistes que j?ai eu « l?audace d?entamer une actualisation d?un socialisme français qui, depuis François Mitterrand, s?était un peu assoupi ». Nous parlons de ce nouveau défi que l?Argentine doit relever : un partage plus équitable des fruits de sa croissance et une politique volontaire de réduction des inégalités.

A l?hôpital public Posadas

Cet après-midi, je visite avec Carlos Schwartz, qui y exerce comme chirurgien des enfants, l?hôpital public Posadas, immense équipement qui accueille tous ceux qui n?ont pas les moyens de se soigner dans le secteur privé. Le paradoxe saute aux yeux : des personnels très qualifiés, un service de néonatologie très moderne mais des bâtiments mal entretenus et, en particulier, un service des urgences qu?il tient à me montrer et dont le délabrement est inimaginable avec des malades entassés sur des paillasses, un chien errant dans les couloirs? Le combat de ce médecin socialiste pour que le service public fonctionne mérite d?être salué.

signature : Ségolène Royal

 
Si vous souhaitez adhérer en ligne à l'association Désirs d'avenir  : http://www.desirsdavenir.org/index.php?c=adhesion


*C’est Claude Allègre...qui décidément ne sait plus ni quoi faire ni quoi dire pour exister dans les médias.
L’ancien ministre de l’éducation nationale, ancien membre du Parti socialiste, vient de faire une découverte !! «Je ne pense pas que Ségolène soit éliminée du jeu» » affirme-t-il dans une  interview  parue dans Libération du mercredi 31 octobre 2007.

Publié dans segolene2007.marne

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B
Le gouvernement de Mr.Sarkozy,me fait friser les cheveux. Mener les gens en barque ,vers des chemins sans issues,tels sont les réformes proposées par ce gouvernement aux ambitions sociales limitées .Le tollé sociale s\\\'accentue  chaque jour et si Mr.Sarkozy et ces accolites ne trouvent  pas des solutions appropriées,le mécontentement populaire ira en grandissant.Les questions salariales,les disparités sociales,les régimes spéciaux non harmonisés,le pouvoir d\\\'achat perturbé par le cout de la vie,tels sont les grands obstacles sur lesquels achoppent ce gouvernement  fragile et hésitant.Deux choix s\\\'offrent à Mr.Sarkozy,régler les problèmes ou préparer ses valises pour le grand voyage(repos bien mérité).
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B
Une greve  de plus s'ajoute,la tension sociale est à son paroxysme le tollé populaire augmente d'un cran.Reconduction des greves,pourquoi attendre jusqu'à mercredi.Qui sera autour de la table,les négociations dureront un mois,la S.N.C.F,s'engage par des moyens financiers a résoudre une partie des problèmes.Le taux de croissance décroit pour ce mois de 0.4% à 0.3%,ce n'est point négligeable.Il faudrait que les négociations reprennent ,sinon nous nous acheminons vers une contestation générale qui peut dégénèrer et cela n'est pas souhaitable en cette phase difficile.Les syndicats,doivent s'engager pour aboutir au plus vite à une harmonisation des régimes spéciaux  ou personne ne sera léser et ou tout le monde sortira vaiqueur .Tel devrait- etre la priorité de l'état français.Alors, souhaitons que cela se fasse le plus vite possible.Excusez-mes accents circonflexes manquants&autres...Sur ce ,je vous souhaite à vous tous &toutes d'agréables journées à venir.Mes amitiés à toute la famille socialiste.
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B
Il me fait un immense plaisir de vous annoncer ,le mariage du couple Jospin Allègre tant attendu au niveau national,qu’international.La classe politique est conviée massivement pour assister à cet heureux évènement,qui j’éspère trouvera écho! Pourquoi s’acharne t-on sur la personne de Mme.Ségolène Royal ?Je pensais que les cadres de ce parti ,étaient suffisament matures ,pour se comporter d’une manière plus civile ,que de déverser leur haine à l’encontre d’un être aussi angélique.Il reste ,énormèment de travail a réaliser au sein de ce parti,qui se doit se renouveler pour le grand bien des Français et Françaises.Un socialiste de coeur et d’ésprit.Vive Ségolène et qu’il n’en déplaise à ces détracteurs!
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