Une enquête sur "les mots de la crise"

Publié le par jacline

Les Français plébiscitent la solidarité et la croissance verte pour sortir de la crise

[ 17/06/09  ]
Les Français comptent moins sur les politiques et la coopération internationale que sur le lien social et le développement durable pour sortir de la récession. C'est ce que montre la deuxième enquête de l'institut Médiascopie sur les « mots de la crise », dont « Les Echos », Radio Classique et iTélé publient aujourd'hui les résultats en avant-première.


Les Français veulent plus de régulation, de solidarité et plébiscitent le développement durable comme solution pour sortir de la récession. Tels sont les principaux enseignements de la deuxième enquête de Médiascopie sur les « mots de la crise », dont « Les Echos », Radio Classique et iTélé publient aujourd'hui les résultats en exclusivité. Comme en décembre, l'institut a demandé, entre le 27 mai et 5 juin, à un échantillon représentatif de plus de 300 Français de classer 150 mots sur une double échelle de proximité et d'intensité du vécu de la crise. Mais avec des résultats sensiblement différents.

La crise inquiète, certes, autant qu'il y a six mois. Les mots « licenciements », « chômage » ou « récession » se classent toujours comme les plus menaçants. Avec tout ce qui est associé aux dérives du capitalisme et du libéralisme (« Madoff », « parachutes dorés », « traders », « paradis fiscaux », ...). Mais la crise est désormais perçue comme un phénomène moins proche, plus mondial. « Pour les Français, elle ne s'éloigne pas, précise Denis Muzet, le président de Médiascopie. Mais devient une toile de fond de leur quotidien. » Comme si cette réalité avait été intégrée et faisait dorénavant partie du paysage.
La mondialisation, une menace

Comme en décembre, la mondialisation reste considérée comme une menace. Les efforts des gouvernements pour instaurer un « nouvel ordre financier international », une autre « gouvernance mondiale », notamment à travers les « sommets du G20 » « n'ont pas convaincu », relève Denis Muzet, tous ces mots se classant plus mal qu'il y a six mois. Même chose pour l'Europe et ses instruments, dont l'euro ou la Commission de Bruxelles, que les Français trouvent moins rassurants et surtout moins proches qu'avant Noël.

Dans l'Hexagone, cette désillusion rejaillit sur les politiques, « vus comme largement impuissants face à la crise », pointe Denis Muzet. Nicolas Sarkozy inquiète plus qu'il y a six mois, principalement dans l'électorat de gauche. Mais les diverses forces d'opposition, à l'exception notable des Verts, ne sont pas beaucoup mieux jugées. En tout cas moins bien que les syndicats, perçus comme plus rassurants.

Le social, au sens large, est plébiscité par les Français, si l'on se fie à l'enquête de Médiascopie. « La crise nourrit une forte attente de régulation sociale », souligne Denis Muzet. « Partage des profits », « réduction des inégalités », « protection sociale », « moralisation de l'économie », sont particulièrement appréciés des personnes interrogées. Juste derrière « solidarité », le mot le mieux classé de l'enquête. « La précarisation économique et l'angoisse qui en résulte se sont moins traduites par un repli individualiste que par le redoublement de l'attention à autrui », poursuit Denis Muzet. La crise a renforcé le besoin de lien social. Et, a contrario, tout ce qui représente une source de discorde ou de division, comme les réformes controversées de l'université, de l'hôpital ou du travail le dimanche, soulève de l'inquiétude, montre le sondage de Médiascopie.
Consommer autrement

L'enquête menée par ce même institut sur les « mots du développement durable » il y a un peu plus de deux mois (« Les Echos » du 1er avril), l'avait déjà montré : tout ce qui touche à la « croissance verte » suscite aussi une très large adhésion. « Développement durable » arrive même deuxième dans le sondage de ce mois-ci derrière « solidarité ». Pour les Français, c'est la solution à la crise. Il ne s'agit pas pour eux d'aller vers la « décroissance » ou l'« anticapitalisme », deux mots qui les inquiètent. Mais bien de « consommer autrement ».

Des résultats qui permettent de mieux comprendre la percée des écologistes aux dernières élections européennes en France. Tout en expliquant que Nicolas Sarkozy, toujours très à l'écoute de l'opinion, ait mis l'accent sur la « croissance verte » et la régulation sociale depuis dix jours.
STÉPHANE DUPONT,
Les Echos
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