Quand des socialistes avec Vincent Peillon partaient en guerre contre les paradis fiscaux

Publié le par jacline

Article de Vincent Peillon paru dans Libé du 17 octobre 2008

C’est avec stupéfaction et colère que j’entends aujourd’hui certains faire griefs aux socialistes d’avoir négligé les désordres du système financier international et de n’avoir rien à dire sur les ressorts de la crise financière, les mêmes qui ont fait obstacle aux combats que nous avons pu mener. Le secret bancaire comme les crédits pourris se sont allègrement nourris du silence médiatique.

Les faits d’abord, pour ceux qui ont la mémoire courte ! Du printemps 1999 à mars 2002, j’ai présidé ce qui fut la plus longue mission parlementaire de la Ve République, consacrée précisément – à travers la lutte contre le blanchiment, la délinquance financière et les paradis fiscaux, bancaires et judiciaires – à cette question de la dérégulation. Avec le rapporteur de la mission, Arnaud Montebourg, avec les parlementaires qui voulaient bien nous accompagner dans nos périples, soutenus constamment par le gouvernement de Lionel Jospin malgré les difficultés diplomatiques que nos enquêtes pouvaient créer, nous avons consacré plusieurs monographies au Luxembourg, au Liechtenstein, à la Suisse, à Monaco, au Royaume-Uni et à la France elle-même. En 2002, peu avant le désastre du 21 avril, nous avons organisé à Paris une conférence des Parlements nationaux d’Europe où, après de longues négociations, nous faisions adopter 53 mesures sur la transparence des mouvements de capitaux, sur les sanctions contre les pays non coopératifs et sur la coopération judiciaire, policière et administrative. S’y ajoutait le principe d’un rendez-vous périodique annuel ou bisannuel pour estimer les progrès de ce combat. L’Europe pouvait alors prendre la tête d’une approche régulatrice du marché et travailler à construire un embryon d’ordre public international.

De même nous avions fait adopter le principe que la mission parlementaire devienne une structure permanente de l’Assemblée nationale. En 2004, j’ai publié un ouvrage, les Milliards noirs du blanchiment (Hachette), où, prenant acte du fait que le gouvernement de droite élu en 2002 n’avait aucunement, malgré ses promesses, poursuivi le travail entamé, je dressais le bilan suivant : celui d’une mondialisation criminelle se nourrissant de l’hypocrisie des Etats, du désintérêt des opinions publiques, de la complicité des autorités financières et du silence suspect des relais médiatiques. Ceux qui nous font aujourd’hui reproche de n’avoir pas investi ce champ s’en sont ouvertement désintéressés et, ce faisant, ils ont condamné cette lutte en la privant de tout relais d’opinion.

La mondialisation que nous avons construite est douce aux oligarques, aux grands trafiquants de drogue, d’armes ou d’organes, aux grandes firmes, aux traders ; elle est dure avec les plus faibles, les travailleurs, les pauvres, les honnêtes gens qui n’ont pas pour première obsession de frauder le fisc. 

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