Convergences et divergences entre Royal et Delanoë selon Le Monde

Publié le par jacline

Proches sur l'économie, Mme Royal et M. Delanoë divergent sur leur conception du Parti socialiste

LE MONDE | 23.05.08 | 14h55  •  Mis à jour le 23.05.08 | 14h57

Leur tempérament, leur formation et leur trajectoire au sein du Parti socialiste divergent. Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, candidats à la direction du PS - officiellement pour l'une, officieusement pour l'autre - sont désormais face à face. Pourtant, leurs points de convergence semblent plus nombreux, et sans doute plus profonds, que ce qui les divise.

LES CONVERGENCES

L'économique et le social. Ségolène Royal et Bertrand Delanoë privilégient le renforcement de la compétitivité du secteur privé. "Il faut pousser l'agilité des entreprises, le goût du risque et l'esprit d'entreprendre tout en améliorant la situation des salariés", souligne le texte introductif à la "consultation participative" de Mme Royal.

"Le problème numéro un de la France est celui de la compétitivité internationale des entreprises, en raison de la faiblesse de la spécialisation industrielle et de l'insuffisante présence des PME sur les marchés mondiaux", fait écho le projet de contribution de M. Delanoë. Tous deux ont adopté, fin 2007, des positions favorables au principe d'une réforme des régimes spéciaux de retraite.

La synthèse. Les deux concurrents réclament un "leadership fort" et rejettent la pratique du consensus par principe. "Le vrai risque, ce n'est pas l'affrontement ; c'est que, sous prétexte de l'éviter, rien ne change", a lancé, le 16 mai, Ségolène Royal devant ses partisans. "La synthèse est morte, (...) voici venir le temps des différences assumées", lance le maire de Paris dans son livre De l'audace ! (Robert Laffont, 2007, 290 pages, 20 euros).

L'Europe. Mme Royal et M. Delanoë étaient partisans du "oui" en 2005 lors du référendum sur le Traité constitutionnel. Tous deux sont simultanément montés au créneau - sans se concerter - pour obtenir que le PS s'engage en faveur de la ratification du traité européen de Lisbonne, alors que François Hollande penchait pour l'abstention.

Le libéralisme. "Je suis libéral (...). La gauche doit se réapproprier, avec fierté, et le mot et la chose", écrit M. Delanoë. Mme Royal, dans un entretien au Point daté du 27 mars, estime que "les véritables héritiers de la belle tradition du libéralisme politique, l'autre nom de la démocratie, sont à gauche".

L'autorité. Même s'il refuse obstinément de reprendre à son compte le concept d'"ordre juste" cher à l'ex-candidate, le maire de Paris considère que "la gauche doit assumer le besoin d'autorité dans la société". D'ailleurs, il ne se déclare "pas hostile aux centres éducatifs fermés" pour les jeunes.

LES DIVERGENCES

La démocratie participative. "Je pratique la démocratie participative à Paris depuis 1995, j'ai plutôt apprécié que l'idée soit reprise dans la campagne de la candidate", lâche le maire de Paris. A Mme Royal, il reproche "de se contenter de recueillir des avis" et de dire "votre projet sera le mien".

Réponse d'un proche de Mme Royal : "Delanoë confond ses réunions de comités de quartier et la démocratie participative telle que la pratique Ségolène Royal qui a posé des orientations fortes avant de consulter les adhérents."

Le rapport au parti. Dans le camp de Mme Royal, on critique les tenants du "vieux parti" qui, par exemple, n'ont jamais admis la formule de l'adhésion à 20 euros. L'ex-candidate à la présidentielle entend faire du PS "un vrai parti de masse fort de plus de 700 000 adhérents, ouvert sur la société, engagé dans les luttes de son temps et portant un projet sans double langage".

"Nous n'avons pas la même conception du parti", confirment les partisans de M. Delanoë, qui reprennent volontiers à leur compte l'antienne très jospinienne du rapport à l'organisation. Ces attaques font un lointain écho aux empoignades du congrès de Rennes, en 1990, lorsque Lionel Jospin, partisan d'un "parti de militants", accusait Laurent Fabius de vouloir créer "un parti de supporteurs".

Le texte des amis de M. Delanoë dénonce "les initiatives de contournement des lieux de débat et de décision collective qui se sont développées, particulièrement pendant et après l'élection présidentielle".

Le PS et le MoDem. Décidés à isoler Mme Royal, les amis de M. Delanoë souhaitent placer le thème des alliances au coeur du prochain congrès. Au sein du PS, Mme Royal est la plus favorable au rapprochement avec le centre, mais elle récuse tout renversement d'alliances. La présidente de la région Poitou-Charentes veut faire du PS "une force centrale à gauche, capable d'associer différents courants" allant des altermondialistes aux centristes.

"Je ne crois pas (...) qu'une offre politique puisse se situer à la fois à droite et à gauche, c'est une forme de mensonge", écrit le maire de Paris. Assuré de sa réélection dans la capitale, M. Delanoë - dont certains alliés ont néanmoins conclu des accords avec le MoDem aux municipales - a refusé de faire alliance avec Marielle de Sarnez, numéro deux du parti de François Bayrou.

Jean-Michel Normand

 

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